Il existe actuellement sur le marché français plusieurs solutions permettant aux professionnels de la charpente et de l’ossature bois de s’équiper en “logiciel de charpente” pour leurs besoins techniques des phases de vente, d’études et de préparation de la fabrication et du chantier.
CF2i distribuant certains de ces logiciels de charpente, nous n’allons bien sûr pas les comparer, ou en recommander certains, mais proposer une démarche d’analyse pour vous aider à choisir au mieux le vôtre.
1. Pour quel besoin ?
Les charpentiers cherchent en général à s’équiper en logiciel pour couvrir une ou plusieurs des fonctions suivantes :
1. L’esquisse du projet en 3D, pour présenter au client le rendu final
2. Les études en 3D pour analyser les raccords, les appuis…
3. Les plans en 2D, pour générer les plans d’exécution et préparer la fabrication et le chantier
4. Le calcul de section pour dimensionner, vérifier, justifier
5. La génération du débit pour élaborer le débit et préparer la taille
6. La transmission des informations aux machines de taille à commande numérique
Certains logiciels intègrent toutes ces fonctions, et d’autres n’en couvrent qu’une. Un système “qui fait tout” a l’avantage de réduire les transferts de fichiers pour passer d’une fonction à l’autre et de mettre en commun certains éléments de l’ergonomie (les écrans, menus, commandes, raccourcis claviers… tout ce qui devient des réflexes).
Mais cet avantage peut être réduit par la complexité d’utilisation, et par une moindre efficacité de chacune des fonctions prises séparément. Notons enfin que certaines passerelles entre systèmes fonctionnent très bien grâce aux fonctions d’import-export et qu’il est parfois plus rapide de composer avec plusieurs systèmes simples et efficaces qu’un “tout compris”.
Nos conseils :
- Pondérez les 6 fonctions pour bien identifier celles qui sont essentielles pour vous et (celles qui vont vous aider à mieux vendre, à éviter les erreurs, à faciliter la transmission des éléments à l’atelier, à gagner du temps…) et celles qui le sont moins.
- Envisagez différentes combinaisons de systèmes répondant à votre besoin, et soumettez-les aux questions suivantes
2. Comment ?
Cette seconde question regroupe 3 aspects :
- L’organisation : qui va l’utiliser?
- Les compétences des utilisateurs : avec quel niveau en informatique ?
- La fréquence d’utilisation : quand sera-t-il utilisé ?
Ces questions sont bien sûr liées à la taille de l’entreprise, à son organisation, aux compétences disponibles, aux projets de recrutement…
Dans tous les cas, l’arrivée d’un équipement va obliger à le positionner et à structurer l’entreprise en fonction de celui ou ceux qui acquier(en)t les compétences et réalise(ent) les études.
Le chef d’entreprise |
Un ou des collaborateur(s) dédié(s) aux études / projets |
Des collaborateurs polyvalents qui assurent conduite de travaux et études… | |
Avantages | – Pas de risque de perte de la compétence,
– Correspond à une activité “de bureau”, – Savoir-faire métier du chef d’entreprise directement intégré aux études |
– Choix d’un collaborateur ayant un profil adapté aux études,
– Montée en compétence rapide sur les logiciels |
– Responsabilisation de bout en bout sur les projets |
Limites | – Manque de disponibilité | – Nécessite une activité importante pour justifier un poste dédié | – Risque de dispersion, fatigue du collaborateur, compétences nécessaires multiples et parfois difficilement conciliables |
Cette question d’organisation doit être étudiée en même temps que celle de la compétence, à acquérir, puis à conserver :
- En fonction des systèmes, l’acquisition des compétences peut demander plus ou moins de temps (les formations durent en général de 2j à 10j), et une aisance plus ou moins importante avec les systèmes informatiques en général
- Le maintien des connaissances va être en fonction de la complexité d’utilisation des systèmes souvent associée à la fréquence d’utilisation. Si le système n’est pas utilisé tous les jours, il est donc nécessaire d’évaluer la difficulté à le reprendre en main après une durée plus ou moins longue d’inutilisation.
Nos conseils :
- Trouvez un logiciel adapté à (aux) l’utilisateur(s) : ne surestimez ni l’utilisation, ni vos compétences. Il vaut mieux un système un peu moins performant mais utilisé que le contraire.
- Si vous confiez le logiciel à un collaborateur, assurez vous de diffuser un minimum de compétences (auprès d’autres collaborateurs ou du chef d’entreprise). On voit régulièrement des systèmes qui ne sont plus utilisés parce que celui qui avait été formé est parti !
3. Quel budget ?
Question importante, bien sûr, le coût global de l’opération, et le retour sur investissement.
Pour les coûts, il faut compter :
- L’investissement de départ qui comprend les licences pour les différents utilisateurs et les différentes fonctions choisies (options)
- Le coût de maintenance annuelle pour disposer des corrections et évolutions, et accéder au support utilisateur (avec comme question subsidiaire la possibilité d’arrêter cette maintenance, puis de la reprendre, avec le coût des mises à jour)
- Les coûts et frais de formation des différents utilisateurs, au démarrage puis éventuellement en perfectionnement (en intégrant les temps d’absence et les prises en charge par les OPCA)
Pour le retour sur investissement, il faut évaluer :
- Le temps gagné par rapport aux projets réalisés “à la main”
- Les économies et la réactivité pour les études sous-traitées
- Les erreurs évitées
- L’accès à certains marchés nécessitant des justifications ou plans formalisés
- L’aide à la décision du client en lui permettant de se projeter dans son projet et de le rassurer
- La qualité et l’investissement perçus par le client / donneur d’ordres lorsque le projet lui est présenté
Nos conseils :
- Évaluez bien ces coûts au regard de votre projet, car certains investissements se justifient avec un projet global d’entreprise (construire une chaine Projet – Études – Fabrication, par exemple), et d’autres beaucoup moins
- Testez la règle des 80/20 (ou 70 / 30) : étudiez si en limitant un peu l’atteinte de vos objectifs (70 % par exemple), vous pouvez limiter de manière importante l’investissement (30% ?)
4. Quel partenaire ?
Cet aspect est le plus subjectif et est personnel, mais comme pour tout équipement, vous aurez certainement besoin d’une relation dans la durée, avec des contacts plus ou moins fréquents.
Avec les nouveaux moyens de communication (formation à distance, télé-assistance…), il n’est pas toujours nécessaire que le partenaire soit présent physiquement dans votre région.
Nos conseils :
- Vérifiez la réactivité dès les premiers contacts : délais de réponse, de rendez-vous, de réception du devis…
- Évaluez la capacité de votre partenaire à rechercher des solutions en lui demandant quelque chose que son logiciel ne peut pas faire,
- Demandez des références et contactez d’autres utilisateurs (qui seront bien sûr satisfaits du logiciel, mais c’est tout de même une indication…)
5. À quel moment ?
La mise en place d’un logiciel est un projet (petit ou gros) à intégrer au fonctionnement de l’entreprise. Il va prendre du temps, nécessiter de la disponibilité, pour un ou plusieurs collaborateurs.
Il est en général profitable (et parfois nécessaire) de suivre une formation. Vous pourrez essayer de découvrir le fonctionnement du système par vous-même, mais vous mettrez en général davantage de temps et ne connaitrez pas les astuces de fonctionnement… ce qui à terme vous aura fait perdre du temps et de l’argent !
L’apprentissage sera enfin mieux assimilé si vous le mettez en application sur des projets concrets rapidement. Vous constaterez également le bénéfice du système, ce qui vous incitera à l’utiliser.
Nos conseils :
- Dégagez du temps pour acquérir les compétences du logiciel : le temps de la formation, mais aussi parfois davantage de temps à passer sur vos premiers projets
- Anticipez suffisamment la mise en place et l’apprentissage : positionnez là en amont d’une étude pas trop complexe et prévoyez le temps nécessaire
- Utilisez les services d’assistance pour ne pas rester bloqué
Conclusion :
Vous l’avez compris, la démarche que nous proposons n’est pas destinée à choisir “le meilleur logiciel de charpente”, mais un logiciel “adapté” à vos objectifs et à votre situation. Nous connaissons des entreprises qui se sont équipées et qui n’utilisent plus leur système, pour n’avoir pas suffisamment analysé leur investissement. Elles subissent alors la double peine : elles ont dépensé de l’argent et du temps pour rien, et travaillent toujours à la main. C’est pour nous la seule situation à éviter.